FASE_RA_2024

Ce phénomène, en pleine expansion, interpelle les acteurs sociaux et politiques. Les discours de radicalisation masculine, souvent déguisés sous des formes d’humour ou d’opinions soi-disant légitimes, infiltrent les cercles numériques et les interactions quotidiennes. Ils cherchent à normaliser des comportements discriminants et à rétablir des dynamiques de pouvoir qui favorisent l’inégalité. RADICALISATION MASCULINE La radicalisation masculine peut prendre différentes formes. Elle a pu et peut encore être religieuse, comme dans le cas des mouvements djihadistes. Elle peut également être politique, avec la montée des extrémismes de droite, où les idées nationalistes, racistes ou misogynes sont mises en avant. Enfin, des mouvements tels que les « incels » (célibataires involontaires) illustrent une radicalisation axée sur des frustrations personnelles, souvent liées à des dynamiques de genre. Chaque forme de radicalisation partage des caractéristiques communes : une vision du monde binaire (eux contre nous), une méfiance envers les institutions établies et une glorification de la violence ou du conflit comme moyen de résoudre les problèmes. FACTEURS MENAÇANTS Plusieurs facteurs contribuent à la radicalisation des hommes, notamment les crises identitaires, les injustices perçues et l’influence de groupes extrémistes. Dans un monde en constante mutation, certains hommes peuvent ressentir une perte de repères face aux transformations sociétales, comme l’égalité des genres et la remise en question des normes patriarcales. Perçus par certains comme une menace à leur identité, ces changements peuvent les conduire à rechercher des groupes ou des idéologies – parfois masculinistes – qui leur offrent un sentiment de stabilité et d’appartenance. Les environnements en ligne jouent également un rôle clé dans ce processus. Les forums, les réseaux sociaux et les plateformes de messagerie cryptée facilitent la diffusion de discours extrémistes et permettent à des hommes isolés de trouver des communautés partageant leurs frustrations. Ces espaces virtuels, souvent cloisonnés, agissent comme des chambres d’écho renforçant des idées radicales tout en marginalisant davantage leurs membres des courants de pensée modérés. À ce jour, sur les réseaux sociaux et dans une intimité totale, il s’écoule en moyenne neuf minutes avant qu’un profil simple de jeune de 14 ans cherchant à pratiquer un sport voit son fil se remplir d’influenceurs qui promeuvent un discours de radicalisation masculine. La puissance de frappe est terrible. FACTEURS DE PROTECTION Il devient ainsi impératif de renforcer les outils de prévention et de formation à destination des professionnelles et professionnels. Dit autrement, de se donner les moyens de produire un contre-discours positif. L’animation socioculturelle a ici un rôle à jouer, en tant qu’approche basée sur la promotion de la considération interpersonnelle, le respect de l’autre dans toutes ses forces et faiblesses, mais aussi dans la valorisation des compétences de chacune et chacun. Retrouver une assise personnelle dans une approche collective et protectrice. Dans le cadre de l’objectif stratégique 20252029 lié à la prévention des violences, ce travail a déjà commencé et se poursuivra en 2025. Deux séminaires spécialisés sont prévus en mai et juin 2025, permettant de recueillir au mieux les observations, attentes et besoins en formation des équipes d’animation engagées. C’est sur cette base de travail que s’élaboreront un plan de formation et les actions qui en découleront. À travers le travail des centres et des équipes, la reconnaissance de la diversité et la promotion de l’égalité sont au centre des actions. Toutefois, l’émergence d’un discours de radicalisation masculine inquiète : très présent dans les univers médiatiques des jeunes, il fragilise la construction d’une société égalitaire et respectueuse de tous et toutes. L’ANIMATION AU SERVICE DE L’ÉGALITÉ RAPPORT ANNUEL 2024, ANALYSE 31

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