UNE ACTION COLLECTIVE POUR SOUTENIR UN QUARTIER QUI SOUFFRE LIVIA ZBINDEN – TRAVAILLEUSE SOCIALE COMMUNAUTAIRE VILLE DE GENÈVE Depuis plusieurs années, le Service social de la Ville de Genève est activement engagé dans le quartier des Grottes, en lien étroit avec les associations locales et les habitantes et habitants. Ce territoire, historiquement vivant et solidaire, traverse aujourd’hui une période difficile. Le bas du quartier, en particulier la place des Grottes, souffre d’un désinvestissement progressif : les résidentes et résidents n’y circulent plus avec la même aisance, les commerces peinent à rester attractifs et les associations y interviennent avec plus de retenue. Dans ce contexte, l’Équipe sociale de proximité Pâquis Grottes Saint-Gervais a piloté, en collaboration avec les habitantes et habitants, associations et partenaires locaux, le projet «La place des Grottes est à vous ». Ce projet, né de la volonté de l’association «Les Amis des Grottes », vise à encourager la réappropriation de l’espace public par des activités collectives, conviviales et inclusives. Objectif : raviver les liens sociaux et restaurer un sentiment de sécurité partagé. Malgré un démarrage prometteur en 2023, la seconde édition a été marquée par une mobilisation plus faible, reflet d’un espoir déçu face à une situation socio-sanitaire inchangée. Le Service social a donc intensifié son accompagnement tout en maintenant une approche participative. En 2025, la dynamique se poursuivra avec la même ambition : offrir un espace ouvert, vivant et accessible à tous et toutes. À travers ce projet et d’autres actions (présence de correspondantes et correspondants de nuit, concertations régulières, etc.), la Ville réaffirme sa volonté de soutenir le quartier dans ses défis avec l’ensemble de ses acteurs et actrices. PANSER LA VILLE – QUELLE PLACE POUR LES PERSONNES LES PLUS FRAGILES? THOMAS HERQUEL – ASSOCIATION PREMIÈRE LIGNE Il y a plus de 20 ans, le quartier des Grottes accueillait le Quai 9, lieu d’accueil et de consommation sécurisé, au 6 rue de la Pépinière. Ce lieu innovant répondait à plusieurs enjeux : offrir un espace digne et non jugeant aux personnes consommatrices de drogues illégales, tout en évitant les scènes de consommation en plein air. Les tournées de ramassage et la responsabilisation des usager·ères ont rapidement assaini le quartier. Après quelques années, la «boîte verte» s’est fondue dans le paysage local, remplaçant les inquiétudes initiales par un calme apparent. Mais ce calme masquait une précarisation croissante des publics accueillis, accélérée par le Covid. À la sortie de la pandémie, l’arrivée massive de crack prêt à l’emploi a transformé la donne : une nouvelle scène de consommation, collée au Quai 9 et débordant sur le quartier, est apparue. Cette drogue, bon marché et aux effets très courts, engendre une consommation compulsive. Beaucoup ont perdu sommeil, famille, logement et santé. Face à l’urgence, le Quai 9 a mis en place des réponses vitales : hébergement (SleepIn), repas, accès à l’eau, espace sécurisé de consommation. Ces dispositifs ont permis une relative stabilisation. Mais trois ans plus tard, les corps et le quartier sont fatigués. Stabiliser n’est pas résoudre. Il est temps de réfléchir ensemble à la ville que nous voulons : une ville qui fait de la place à tous et toutes. Dans ce contexte tendu mais propice à la création, nous devons créer des ponts entre réduction des risques et animation socioculturelle. Nous partageons une lutte pour la dignité et l’émancipation. À nous de bâtir des terrains communs pour ne plus seulement panser la ville d’hier, mais rêver celle de demain. RAPPORT ANNUEL 2024, ANALYSE 30
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