FASe - Rapport Annuel 2020

31 30 RAPPORT ANNUEL 2020, ANALYSE RAPPORT ANNUEL 2020, ANALYSE Le travail social hors murs est une manière d’inter- venir qui permet de se saisir de la réalité globale des jeunes, qu’il s’agisse de formation, d’emploi, de loisirs ou de problématiques familiales, admi- nistratives ou judiciaires. Cette approche basée sur le « aller vers » permet également de per- cevoir avec finesse les difficultés et les doutes que la jeune génération rencontre. C’est encore plus vrai en période de crise sanitaire où il faut agir rapidement. ACCEPTER LES INCERTITUDES L’exercice 2020 a été marqué par une perma- nence exceptionnelle de l’instabilité ; une nouvelle norme de travail faisant vaciller les équipes entre « construction et déconstruction » perpétuelles de leurs actions et interventions. Cette perspec- tive a influencé irrémédiablement notre champ d’intervention, et plus largement, les rapports humains entre le réel et le virtuel, le possible et l’impossible, le mouvement et l’inertie. La fermeture des salles de sports, des locaux communautaires ou en gestion accompagnée (LGA), et plus largement, la limitation des ap- proches collectives ont nécessité des aménage- ments importants. Chacun·e d’entre nous a été soumis·e à cette réalité universelle. Les équipes hors murs ont dû composer pour que l’essence de leurs identités professionnelles s’ancre dans le réel par des in- teractions avec l’Autre, la société, les institutions et les publics. Après l’annonce du semi-confinement et la fermeture de tous les centres, les équipes de travail social hors murs ont été les premières à réinvestir la rue et à aller à la rencontre des jeunes. Plongée avec les délégués du collectif TSHM sur une année inédite où l’urgence d’agir a flirté avec le doute et l’instabilité. Chaque professionnel·le – à travers son parcours, sa pratique et sa réflexion – a adapté continuellement ses outils et ses modes d’action pour être au plus proche des besoins d’un public fragilisé par la crise sanitaire. Les équipes sont entraînées à inscrire leurs inter- ventions à des moments stratégiques – en soirée et en week-end – là, où les institutions sociales traditionnelles sont absentes et à adapter leurs représentations et pratiques aux regards des évolutions sociales. Pourtant, le mandat hors murs a rencontré des zones de flottements et de questionnements nous invitant à élucider la manière dont nous pouvions : » construire et renforcer le lien social tout en étant à distance, » mobiliser et demeurer prompt·es dans la re- lation d’accompagnement, » accueillir sans rassembler, sans mettre et se mettre en danger, » répondre aux problématiques des jeunes les plus fragilisé·es (précarité, détresse, violences, isolement, etc.). TROUVER LE BON CAP En chinois, le mot crise se compose de deux caractères : l’un représente le danger et l’autre l’opportunité ! Les équipes se sont légitimement positionnées sur le versant du défi de l’opportunité. Pour le travail social, c’est le retour à son essence même. Il doit faire face à toutes les demandes, qu’elles soient basiques : «Qu’allons-nous manger ma famille et moi demain ? » ou moins visibles comme les violences intrafamiliales, la santé mentale qui défaille, les dettes qui s’accumulent, l’impossibilité de se rencontrer, d’aller au ciné- ma, de pratiquer du sport, de boire un verre ou d’aller au restaurant. Le mandat hors murs a dû et doit continuer à se réinventer. Après la peur – et la brutalité des impossibilités citées précédemment – est venu le temps de la raison, de la réaction et des alternatives innovantes et porteuses. C’est aus- si le temps de prioriser l’accompagnement des personnes et de développer des partenariats pour le bien de tous et toutes. RESTER DANS LA RUE Les équipes TSHM ont choisi de maintenir et de tisser encore plus les liens avec la population en continuant à accueillir, à visiter, à arpenter les rues et à encourager les initiatives allant dans le sens de l’aide et de l’entraide. Il s’agit pour cela, autant que faire se peut, de ne pas reléguer au second plan les consignes sanitaires. Les équipes ont décliné, au gré des différentes directives, les axes « les plus indis- pensables » sans lesquels, notre soutien n’aurait ni sens, ni réelle efficacité : » Rester dans la rue, continuer à se montrer dans l’espace public pour l’observer mais aussi pour pouvoir être interpellé·es en cas de besoin » Informer et expliquer pour responsabiliser » Intervenir, prévenir en cas de danger, de pau- périsation ou d’une situation susceptible de péjorer un quotidien déjà difficile » Distribuer du gel et des masques à celles et ceux qui ne peuvent y accéder mais aussi pour sensibiliser les plus sceptiques et rassurer les plus angoissé·es vis-à-vis de la crise » Offrir des alternatives peu dangereuses grâce à un dispositif sanitaire en adéquation avec les directives pour combattre le vide, facteur de dépression. SE RÉINVENTER, ENCORE ET TOUJOURS Jamais l’intervention sociale n’aura connu une telle raison d’être. Sur tous les terrains, chacun·e y est allé·e de son apport en termes d’initiatives. Certain·es ont investi les nouvelles formes de communication : micro-trottoir, groupes Whats- App, Facebook, visioconférence, sport en ligne… Le maintien du possible a été privilégié avec l’ouverture de locaux d’accueil et d’écoute, l’or- ganisation de sorties en plein air, de repas, de soirées jeux, d’activités sportives sur inscription ou de toutes autres formes d’initiatives qui ont permis et permettent encore à de nombreux jeunes de garder le cap. PRÉPARER L’APRÈS Si aujourd’hui, TOUS nos repères sont mis à mal, nous ne pouvons que constater que la pandémie est le révélateur d’une détresse qui en temps normal peut être maquillée. Mais, elle est aussi le catalyseur d’une solidarité, d’une entraide, de ressources et de collaborations nouvelles visant à développer la libération de la parole, à lutter contre l’isolement et la précarité, composants indispensables à la construction d’un vaccin anti-misère sociale. Le défi d’aujourd’hui consiste à «préparer l’après» car il y a toujours un «après» qui nous concerne tous et toutes. Les délégués du collectif TSHM LA NÉCESSITÉ DE RESTER DANS LA RUE POUR LES ÉQUIPES DE TRAVAIL SOCIAL HORS MURS Atelier théâtre en collaboration avec La Cuisine, théâtre de Carouge. TSHM Carouge. © Marie Marcon, théâtre de Carouge

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