FASe - Rapport Annuel 2019

RAPPORT ANNUEL 2019, ANALYSE 28 RAPPORT ANNUEL 2019, ANALYSE 29 Toboggan intérieur. Le métier d'animatrice est arrivé dans ma vie par surprise, tel un énorme coup de foudre, un amour presque sans nuages qui a duré 37 ans. Depuis 1982, j’ai travaillé au Centre de loisirs de Thônex, au Terrain d'aventures Lancy-Voirets, à la Maison de quartier de Champel et, finalement, neuf ans à la Maison de quartier des Libellules. LE RÔLE DE L’ANIMATION SOCIOCULTURELLE L'animation socioculturelle permet d'entrer en contact de manière très simple et directe avec les usager·ères. Le cadre professionnel existe mais sans les contraintes institutionnelles propres aux milieux de l'éducation, de l'administration ou de l'enseignement. Cette liberté ouvre de très larges potentialités et des perspectives inspirantes, par- ticulièrement lorsqu'elle est le cadre d'un accueil libre tout public tel que pratiqué aux Libellules. La Maison de quartier des Libellules a ouvert ses portes en septembre 2010. Une énergie collec- tive nous a animé·es et motivé·es dès le début. La configuration des lieux – une petite usine meublée et décorée à peu de frais – et l’intérêt immédiat de la population de ce quartier préca- risé et sans lieu d'accueil, a donné naissance à grand nombre de réalisations. Notre motivation a été de créer un lieu avec les habitant·es du quartier et non pour elles et eux. Un échange de personne à personne, pas besoin de mandat ou de hiérarchie. Chaque proposition, idée ou délire devient ainsi possible. DES COURS DE FRANÇAIS La première demande était claire : proposer des cours de français intensifs (quatre fois par se- maine) avec une garde pour les enfants de 0 à 4 ans. Résultat : une maison ouverte toute la journée, vivante, colorée et où l'on peut entrer sans crainte. À ce jour, plus de 60 femmes bénéficient de ces cours et de l'accueil de leurs jeunes enfants. Ceux-ci se socialisent et apprennent naturelle- ment le français. UN CENTRE OUVERT AUX FAMILLES Le centre est ouvert à toute la famille pour per- mettre de rester ensemble tout en participant à des activités différentes et adaptées. Les gens arrivent ; prennent possession du lieu ; jouent au baby-foot, au ping-pong ou aux cartes ; feuil- lettent des livres ; se rencontrent, échangent et tissent des liens. La confiance s’installe progressivement. Les usager·ères osent venir avec des questions, des interrogations, des soucis. Nous répondons im- médiatement aux demandes simples (lecture d'un courrier administratif, inscription en ligne pour le restaurant scolaire…) et nous agendons des temps ensemble pour des problèmes plus com- plexes (crise conjugale, addiction...). La confiance grandit et souvent, dans la foulée, leur estime de soi et la reconstruction des possibles. L’ani- mation implique également de ne pas ignorer le côté blessé des individus, il fait intimement par- tie de la vie de tous et toutes. Il serait dommage de passer à côté ! ACCUEIL ET ÉCOUTE : DEUX POSTURES ESSENTIELLES DE L’ANIMATION SOCIOCULTURELLE Animatrice durant plus de 35 ans à Genève, Isabelle Lamm a toujours donné la priorité à un accueil de qualité et une écoute bienveillante envers tous les usagers et usagères des centres de quartier. Ces deux postures essentielles de l’animation socioculturelle ont été possibles grâce à un réel intérêt pour l’humain. Retraitée depuis cet automne, elle revient sur son parcours. L’ACCUEIL EN PRIORITÉ Aux Libellules, nous mettons en avant la qualité de notre accueil. Une attention particulière est portée aux nouveaux et nouvelles arrivantes. Chacun·e est salué·e d’emblée et invité·e à s’as- seoir, «vous prendrez un thé ou un café ?». Notre attention est portée sur la reconnaissance indivi- duelle, la convivialité et un accueil d’égal à égal. En plus des activités usuelles d'une maison de quartier (centres aérés, activités ados, partici- pation aux réseaux communaux), nous propo- sons d’autres animations, toutes en lien avec les notions d'accueil et d'intégration. Comme par exemple : des ateliers créatifs tout public (sérigra- phie, couture…), un Ethnopoly – jeu en équipes pour découvrir la diversité sociale et culturelle d’un quartier – organisé une fois par année pour les 7 es primaires, des cours de natation pour femmes, des sorties tout public régulières, un service traiteur «cuisines du monde» et, depuis 2017, des week-ends et des vacances familles. À L’ÉCOUTE DES BESOINS Durant l’été 2016, un couple et leurs deux plus jeunes enfants entrent à la maison de quartier. Le but est d’inscrire madame aux cours de fran- çais. Nous faisons connaissance pendant que les deux petites filles jouent avec enthousiasme sur le toboggan intérieur. Madame me dit qu'ils habitent dans un appartement de trois pièces et demie avec leurs cinq enfants. Les enfants n'ont pas de place pour jouer. Je m'intéresse à comment leur quotidien prend vie dans un pareil espace, je pose des questions : «comment faites- vous pour la lessive?». Mon intérêt est réel, la vie des gens me touche. Après 30 minutes, madame ose se confier : «ce qui me rend triste, c'est qu'à la fin des vacances nos enfants n'ont jamais rien à raconter puisque nous restons toujours là». De cette réflexion, naissent les week-ends et les vacances familles. Aux Libellules, nous pouvons innover et même réinventer nos prestations. Cette liberté d’action m’a animée durant toutes ces années. Isabelle Lamm © Anne Colliard

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