FASe - Rapport Annuel 2018
RAPPORT ANNUEL 2018, ANALYSE 26 RAPPORT ANNUEL 2018, ANALYSE 27 Du projet Praille Acacias Vernets aux Cherpines en passant par les Communaux d’Ambilly et Bernex, les projets de développement urbain fleurissent sur le territoire du Grand Genève. Comment l’Office de l’urbanisme cantonal pilote les projets, transforme les territoires et imagine les nouveaux quartiers en prenant en compte durabilité, mixité et qualité de vie? Rencontre avec Frédéric Josselin, chef de service en charge de la concertation et de la communication des projets urbains. COMMENT DÉFINIRIEZ-VOUS VOTRE RÔLE AU SEIN DU DÉPARTEMENT DU TERRITOIRE? Le Service de concertation et de la communi- cation a pour mission de faire en sorte que les différents acteurs de la cité puissent prendre part aux réflexions sur la transformation urbaine du canton. Nous développons la capacité d’agir des différents publics, en leur permettant d’entrer dans une démarche de projet et en leur donnant une place où ils sont légitimés dans leurs obser- vations et participations. L’objectif est d’améliorer la qualité des projets développés à Genève et in fine la qualité de vie réelle. LA PROFESSION D’URBANISTE A PASSABLEMENT ÉVOLUÉ, PASSANT D’UN RÔLE DE «PROJETEUR» À CELUI DE «MÉDIATEUR». POUVEZ-VOUS NOUS EXPLIQUER CES CHANGEMENTS? Le métier d’urbaniste est, comme d’autres, en constante évolution. La profession fait face à toujours plus de complexité pour produire la ville de demain. Il y a une loi qui, depuis 2015, a rendu obligatoire les processus de concertation à l’échelle des quartiers. Les urbanistes ont dû aller davantage sur le terrain pour faire les projets avec les habitants, les futurs habitants et les associations. Nous vivons aussi une transformation sociétale importante avec l’information disponible partout et en tout temps. Ceci peut contribuer à une certaine défiance du savoir et des citoyens qui souhaitent s’exprimer et prendre une place au sein de la cité. Nous sommes passés d’une logique de « faire pour » à une posture de « faire pour et avec ». QUELS SONT LES GRANDS ENJEUX DU DÉVELOPPEMENT URBAIN À GENÈVE? L’enjeu principal est d’arriver à une production de logements en nombre et en diversité suffisam- ment importante pour répondre aux besoins de la population. Il est important que chacun puisse se loger, vivre et se déplacer tout en favorisant le mieux vivre ensemble via une mixité sociale, culturelle et générationnelle positives. Tout cela doit également inclure les facteurs de durabilité. Le défi de Genève est de produire de la ville dans un territoire extrêmement contraint et de préser- ver des zones naturelles et agricoles plébiscitées par le peuple. Nous nous devons de prendre en compte les évolutions sociétales et professionnelles en cours et à venir et de permettre à la population d’in- tégrer des nouveaux voisins. La concertation et l’accompagnement des projets sur la durée jouent un rôle important. COMMENT AVEZ-VOUS ÉTÉ AMENÉ À COLLABORER AVEC LA FASe ? Tout d’abord, j’ai été surpris de découvrir que deux objectifs stratégiques de la FASe pouvaient s’appliquer tels quels aux nôtres. Je parle de la volonté de renforcer la participation et l’engage- ment citoyen et de contribuer à l’évolution des politiques publiques. Les urbanistes sont aujourd’hui amenés à rencontrer des acteurs locaux, dont les collaborateurs de la FASe. Créer des synergies entre les acteurs, se nourrir mutuellement des forces et compétences de chacun, favoriser la proximité avec les besoins futurs de la population. La collaboration avec la FASe permet de mieux intégrer les aspects sociaux dans les projets de développement de ville durable, qui jusque-là prenaient prioritaire- ment en compte les aspects d’urbanisation, de transport et d’environnement. POUVEZ-VOUS NOUS CITER UN EXEMPLE DE DÉMARCHE DE CONCERTATION RÉUSSIE? Nous sommes très satisfaits de la démarche qui s’est déroulée à Confignon et le projet de quartier de Vuillonnex. L’implication de la com- mune a été forte, elle a souhaité une démarche exemplaire en impliquant les différents acteurs (voisins, associations...), dont la FASe. Les ren- contres ont notamment favorisé l’émergence d’une maison intergénérationnelle au milieu du quartier. Aujourd’hui, personne ne sait encore comment cette maison sera mais la volonté d’aller de l’avant est très présente. Plus largement, ima- giner ensemble l’avenir du quartier a permis de trouver des réponses où l’intérêt collectif prime sur les intérêts individuels. POUR VOUS, QUELLE EST L’EXPERTISE DE LA FASe DANS L’ACCOMPAGNEMENT DES PROJETS DE DÉVELOPPEMENT? Si les compétences des architectes et des urbanistes sont essentielles, les enjeux du développement urbain imposent de travailler avec toutes celles et ceux qui interviennent au quotidien dans les quartiers. La FASe est présente en permanence sur le terrain. Elle a une connaissance indéniable du territoire et de ses habitants au travers d’un réseau de plus de 1000 collaborateurs (mon service n’en compte que cinq) et de nombreux bénévoles impliqués dans les associations de centres. La FASe connaît les enjeux quotidiens de la population, leur niveau de vie, leurs préoccupations, la manière dont s’organise et vit un quartier, comment les gens échangent entre eux, les opportunités… Elle a un accès direct à la population et notam- ment auprès des jeunes, elle possède un réel savoir-faire dans les questions de médiation et de participation. Tout ceci permet d’améliorer les projets en cours et d’anticiper les besoins futurs de la population dans le but de développer le mieux vivre ensemble. LES PLANS DE QUARTIER INCLUENT DÉSORMAIS DES ESPACES LIBRES. QUELS EN SONT LES OBJECTIFS? On sait qu’un endroit qui a été bâti ne deviendra plus jamais autre chose qu’un bâtiment. Il est donc important de laisser des espaces sans construction mais également des locaux libres vides permettant aux futurs habitants de s’approprier les lieux, de proposer des projets et de faire ainsi vivre ces nouveaux quartiers. L’ANIMATION SOCIOCULTURELLE : QUELLE PLACE DANS LE DÉVELOPPEMENT URBAIN? CAS PROJETS URBAINS ET POUVOIR D’AGIR En 2017, la HETS Genève, en collaboration avec 18 institutions de Suisse occidentale et de France voisine, dont la FASe, a lancé une formation interprofessionnelle et transfrontalière pour faire la ville de demain avec ses habitants. Ce programme est placé sous la responsabi- lité de Charles Beer. Trois collaborateurs de la Fondation suivent ou ont suivi ce CAS. « La collaboration avec la FASe permet de mieux intégrer les aspects sociaux dans les projets de développement de ville durable. »
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