FASe - Rapport Annuel 2018

©Taj 21 20 RAPPORT ANNUEL 2018, ACTIONS RAPPORT ANNUEL 2018, ACTIONS RINIA CONTACT : 20 ANS AU SERVICE DE LA DIVERSITÉ CULTURELLE ET SOCIALE AU TRAVERS D’UNE APPROCHE POSITIVE ET ARTISTIQUE Rinia Contact est née sous les feux de la guerre aux Balkans, pour répondre aux besoins d’une arrivée massive de mineurs albanais non accompagnés. Nous avons acquis notre savoir-faire dans l’accompagnement au quotidien d’une population fragilisée par une migration non choisie. Au cours de ces 20 années d’existence, notre association s’est construite sur la base des nombreuses communautés qui la composent. Spectacle Ex'Pression au Théâtre de l'Étincelle Notre action, ancrée dans la réalité d’un envi- ronnement populaire – le quartier de l’Europe aux Charmilles – se construit autour des envies et des besoins d’une population issue de tout le canton, mais dont les spécificités se rejoignent : des personnes avec une identité culturelle multi- ple, un niveau économique bas, voire dépendantes de l’assistance, avec ou sans enfant, intégrées au sein de leur communauté mais peu en lien avec le réseau social genevois. Nous l’avons qualifiée de «population silencieuse » car elle ne fait pas de vague, ne revendique pas et n’est pratiquement pas représentée dans les assemblées politiques, associatives ou institutionnelles. Ainsi accueillir ces personnes reste tous les jours au centre de nos préoccupations. Aller à la découverte de l’autre dans sa singularité et le reconnaître pour ce qu’il est, prendre en compte ses difficultés individuelles et structurelles pour lui donner accès au collectif, sont les principaux objectifs que nous nous sommes fixés. Notre intervention se construit donc dans des espaces de rencontres, ouverts à tous, avec des activités prétextes simples, issues des gestes du quotidien en partie, artistiques pour d’autres. Notre démarche doit permettre à chaque personne de devenir acteur de sa vie et de son environnement. L’action positive devient nécessaire pour qu’elle puisse se remettre en marche, s’affranchir de son impuissance passée et développer à nouveau son pouvoir d’agir. Renouer avec des projets collectifs ou pouvoir utiliser sereinement ses compétences individuelles devient un moyen pour s’ouvrir à la société qui l’entoure et la renforce dans son estime de soi. Nous utilisons aussi la parentalité comme outil de médiation. Nous constatons que le fossé générationnel est accentué par l’intégration à deux vitesses ; parents d’un côté, enfants de l’autre. Les jeunes issus de la migration reçoivent automatiquement une place dans la société par le biais de l’école alors que leurs parents sont inclus dans le système mais n’en font pas partie. Leurs rapports avec les institutions sont surtout basés sur l’aide conditionnelle. Nos actions transversales tentent de réconcilier grands et petits en redon- nant à chacun une légitimité au sein d’un groupe. Pourtant l’ensemble de notre action ne peut mener vers le changement de comportement que si l’équipe et le comité sont d’accord de rester en mouvement et de faire au quotidien l’exercice de l’altérité au côté de «cet étranger », jeune ou adulte qui bouscule notre système de valeurs et de croyances. Isabelle Johner-Demierre coordinatrice de l’Association Rinia Contact ZOOM SUR ENTRETEMPS, UN PROJET DE CHORÉGRAPHIE PARTICIPATIVE 20 ans, ça se fête. Rinia Contact a souhaité passer le cap en initiant un projet socio-artistique impliquant « leur » population multiculturelle. ENTRETEMPS : LES DANSES CONTEMPORAINES D’ANTAN EntreTemps est une histoire qui prend sa source dans le folklore des pays d’Europe pour s’inscrire dans une démarche contemporaine. Le projet offre un espace à des danseurs amateurs pour exprimer leur héritage en perpétuelle évolution. Il s’agit de créer un spectacle de danse contemporaine autour de danses folkloriques européennes, avec la volonté d’utiliser le mouvement comme moyen de lier ces danses et d’en faire une performance. L’aspiration première est d’ouvrir le champ des possibles de la diversité artistique pour favoriser la cohésion sociale. Les danseurs sont invités à sortir de leur zone de confort afin de développer un langage commun, accessible à un public non averti. Deux spectacles originaux sont nés, EntreTemps (2017) et Ex’Pression (2018). Tous deux présentés à Genève au Théâtre de l’Étincelle et à la Fête de la Danse. Le comité de création était composé de l’équipe de Rinia Contact et de la chorégraphe Noelia Tajes. Un appel à participation a été ouvert à l’intérieur et à l’extérieur du réseau de Rinia Contact et a permis de créer deux groupes de six femmes, entre 13 et 76 ans. Ces femmes de tous horizons ont eu le courage de s’investir dans la création chorégraphique et d’exprimer leur identité à tra- vers leur danse. Les répétitions hebdomadaires au studio de danse de l’ADC au Grütli ont duré neuf mois. En fin de création, plus de 30 danseurs de groupes folkloriques variés se sont mobilisés autour d’elles pour intégrer la chorégraphie et représenter pleinement la population diversi- fiée de Rinia Contact et la richesse des danses folkloriques européennes. CHORÉGRAPHIE PARTICIPATIVE ET LIMITES RENCONTRÉES La chorégraphie participative donne « la parole» aux participants et les accompagne dans un pro- cessus d’expression et de création artistique. Ce cadre offre la possibilité d’être créatifs, d’ame- ner ses propres inspirations et de participer aux prises de décisions. La chorégraphe est la garante du cadre ainsi que la facilitatrice de l’entrée en création et de son développement. Noelia Tajes nous explique les principaux défis de cette approche : » L’exigence artistique Lorsque le monde artistique et le monde so- cioculturel se rejoignent pour un même projet, tous deux ont leurs exigences respectives, l’un, le lien social, l’autre, la qualité artistique. Ces deux pôles d’exigence doivent être atteints pour que le projet soit un succès. » Le dépassement de soi Le point fort de ce projet est sans aucun doute la rencontre entre les cultures et les générations, mais aussi le dépassement de soi par la création artistique participative. Le rôle en tant que chorégraphe et animateur socioculturel est d’accompagner les partici- pants à trouver des solutions, pour s’aban- donner à la création en leur offrant un cadre bienveillant et de confiance. Aujourd’hui, des liens forts se sont créés entre les danseurs. Ce projet a permis d’apporter une mixité sociale et culturelle par la rencontre entre diverses communautés habitant à Genève. Cette aventure les a encouragés à partager leurs savoirs et leurs bagages culturels et leur a permis d’entrer en dialogue pour offrir un message fort au public : savoir danser ensemble !

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