FASe - Rapport Annuel 2017
RAPPORT ANNUEL 2017, ANALYSE 28 RAPPORT ANNUEL 2017, ANALYSE 29 Depuis l’introduction d’Harmos en 2011, les enfants accueillis dans les classes qui vont de la 1 re à la 4 e primaire n’ont pas l’école le mer- credi, tandis que ceux de la 5 e primaire à la 8 e primaire ont désormais l’école le mercredi matin jusqu’à 11h30. Cette modification des horaires scolaires s’est répercutée sur l’organisation des mercredis aérés pour les enfants âgés de 4 à 12 ans, soit tous les âges de ces deux groupes de «petits » et « grands ». GROUPES SÉPARÉS Dans un premier temps, la Maison de quartier des Pâquis a élaboré un programme d’activités à la demi-journée, avec des activités le matin des- tinées uniquement aux petits, puis un repas de midi et des après-midis passés tous ensemble. Or cet arrangement a eu pour effet d’empêcher les sorties des deux groupes à la journée en dehors de Genève, sorties auxquelles nous sommes at- tachés en raison du contexte urbain dans lequel les enfants évoluent au quotidien aux Pâquis. Après plusieurs mois de réflexion et des son- dages auprès des parents, le secteur enfants de la Maison de quartier des Pâquis a décidé de proposer une nouvelle composition pour les mercredis. Dès la rentrée 2017, il a choisi de scinder le groupe d’enfants et de professionnels en deux, selon les horaires scolaires des enfants des deux groupes d’âges. Cette réorganisation permet de rendre les deux groupes plus auto- nomes et mobiles dans leurs activités. Elle rend à nouveau possible de proposer des sorties à la journée aux petits, hors du quartier des Pâquis. Ce montage laisse également la possibilité aux grands de venir uniquement pour le repas de midi ou seulement pour l’après-midi. Ce système répond aux souhaits et demandes exprimés par les familles. En outre, il est possible de mieux cibler les activités proposées en tenant compte des niveaux de compréhension, des capacités et des aptitudes des enfants en fonction de leur âge. Nous avons aussi fait le choix de conserver certains moments réunissant les deux groupes afin de favoriser la transition des petits vers les grands. Ces plages communes permettent des moments de partage tous ensemble. MEILLEURE DYNAMIQUE Nous avons tiré un premier bilan après six mois de cette nouvelle organisation. L’équipe de profes- sionnel-le-s, les parents et les enfants, tous sont d’avis que ce changement comporte de nombreux avantages. Il est beaucoup plus pratique pour les animateurs et animatrices d’organiser les jour- nées du mercredi avec deux groupes distincts. Les classes de 1P à 4P bénéficient, environ une fois par mois, d’une sortie à la journée en dehors de Genève. Enfin, nous constatons une meilleure dynamique au sein des groupes, particulièrement de celui des 5P-8P. Ces enfants se sentent valo- risés par l’appartenance au groupe des «grands» et par la pratique d’activités adaptées à leur âge et à leurs envies. Léonor Perréard COMMENT UNE MQ A TROUVÉ LA PARADE FACE AUX RÈGLES D’HARMOS «ORGANISONS LA DÉCROISSANCE DANS LES EXIGENCES FAITES AUX JEUNES» L’introduction d’Harmos en 2011 a chamboulé l’accès des petits et des grands aux mercre- dis aérés, empêchant les sorties hors de Genève. La Maison de quartier des Pâquis a trou- vé une solution fondée sur la demande des parents, explique Léonor Perréard, directrice. L’équipe TSHM de Transit, à Meyrin, accompagne des jeunes vers une formation. Le processus nécessite du temps. Responsable d’équipe, Seth van Beek évoque la nécessité de ralentir la course, pour des jeunes qui font face à de multiples difficultés. Sortie aux lac de Joux pour des enfants de la Maison de quartier des Pâquis. Montage du cirque-théatre Nicole et Martin par des jeunes dans le cadre du pôle insertion de Transit. Dans le rapport 2017 de Transit, j’ai fait part à mon équipe de l’importance d’accueillir à Meyrin des stagiaires. J’ai aussi souligné l’importance des questions qu’ils nous posent pour nous faire réfléchir et avancer dans notre travail. Je trouve que nous sommes souvent sur le dos des jeunes à leur demander où ils en sont dans leurs re- cherches, dans la rédaction de leur CV, dans leurs prises de rendez-vous. Récemment, des journalistes ont fait un reportage dans le canton de Neuchâtel sur des rencontres nommées « speed dating» du recrutement. Pen- sez donc, le jeune y fait la queue. Il doit attendre et ensuite il a 10 minutes pour convaincre. C’est comme s’il n’y avait plus que cet enjeu : dénicher une formation, trouver ce que le jeune veut faire, ne pas rester sur le bas-côté, être dans le mouve- ment, toujours, et vite, car le mois de septembre arrive ! Au Printemps de l’apprentissage, où nous sommes allés, les jeunes ont attendu parfois 2 heures avant d’avoir leur moment. UN JOB EN 10 MINUTES? A Transit, l’équipe est sur le point de finaliser l’engagement des futurs collègues. Nous nous sommes attelés à ce travail depuis le mois de novembre et ce processus finira je l’espère au mois de juin. Celui-ci dure donc 8 longs mois, alors que nous demandons aux jeunes de le faire en 10 minutes durant une seule rencontre ! Nous allons trop vite et ne tenons pas assez compte du rythme des jeunes. Actuellement, Transit accompagne quelques jeunes en grande diffi- culté. Ils rencontrent des problèmes personnels, médicaux, de poids, d’alimentation, d’addiction. Ils ont des soucis financiers, familiaux, avec la police et avec la population et avec les adultes en général. Récemment, un de nos jeunes a témoigné auprès de moi qu’il ne savait plus quoi faire. Chaque fois qu’il a le sentiment de régler quelque chose de désagréable, une poursuite, une amende, une autre tuile lui tombe sur la tête. Si nous regar- dons le monde qui nous entoure, nous sommes pris dans cet engrenage où nous devons aller vite, trouver des réponses rapides, être perfor- mants, faire du chiffre. Les jeunes sont attirés par cette escalade vers le « tout, tout de suite». C’est souvent leur première demande : avoir des sous, obtenir le dernier Smartphone. Ils attendent des réponses rapides, mais n’arrivent pas à suivre ce qu’ils vivent, ni ne comprennent ce qu’il leur arrive. Ils ne sont pas prêts à affronter tous ces évènements en même temps. Ils ont besoin de temps, de beaucoup de temps. Il leur faut respirer, vivre, se réapproprier leur rythme et se retrouver. LE TEMPS DE L’ÉCOUTE J’ai donc pensé à Pierre Rabhi qui depuis plus de 50 ans prône la décroissance économique. J’ai songé par analogie à proposer la décroissance de l’emploi, la décroissance de la rapidité, la décroissance de la communication ! J’ai songé à Transit, ce lieu qui accueille, qui « écoute », où le temps est pris pour semer des graines, pour voir pousser ces plantons, les arroser, les plan- ter au printemps et attendre qu’ils produisent des légumes ou des fruits. Soit environ 8 mois, comme le recrutement à Transit. Seth van Beek © FASe © FASe
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