FASe - Rapport Annuel 2017
25 RAPPORT ANNUEL 2017, ACTIONS 24 RAPPORT ANNUEL 2017, ACTIONS LA VIDÉO COMME PASSERELLE ENTRE ISRAËL, LA PALESTINE ET GENÈVE L’été 2017, deux groupes de jeunes basés à Genève et au Proche-Orient ont créé des récits vidéo sur le modèle du cadavre exquis. L’Undertown décrit une aventure complexe et émouvante. «Le travail social se porte désormais sur la prévention. Cela passe par l’offre d’espaces qui permettent de bien vivre ensemble». Dominique Demierre Ci-dessous : la Maison de quartier du Plateau, au Petit-Lancy. «Les gens ont été surpris de découvrir en Suisse un Erythréen qui avait traversé le désert au péril de sa vie». Valentine Sergo, à l’origine du projet. EN MATIÈRE DE COHÉSION SOCIALE, QUELS SONT LES GRANDS DÉFIS POUR LANCY? ET QUEL RÔLE PEUT AVOIR LA FASE DANS CES MISSIONS? Nous sommes désormais moins focalisés sur un quartier. Avant, l’Etoile, les Palettes, étaient toujours pointées du doigt, comme on l’a fait avec les Libellules à Vernier. On peut dire que la FASe a joué un rôle important pour ces quartiers de Lancy et que les actions de la fondation ont contribué à l’amélioration générale du bien vivre. Ce processus a aussi réussi grâce à la rénova- tion de l’Etoile par la création d’une fondation immobilière communale. Il y a eu par exemple la transformation sous ce bâtiment d’un garage en salle de boxe, qui a été confiée à un jeune des Palettes, une sorte de caïd, qui du coup a intégré un autre rôle. Les TSHM ont également crée des liens très forts avec les jeunes. Au final, ces activités ont fait qu’on a évité la créa- tion de points noirs dans la commune. Le travail social se porte désormais sur la prévention, sur l’anticipation des besoins. Cela passe par l’offre d’espaces qui permettent de bien vivre ensemble. C’est ce que font notamment les animateurs et les animatrices dans leurs projets d’été, avec des pataugeoires ouvertes à la population, avec des animations pour les ados et les enfants, ou encore grâce à leur présence dans des secteurs jugés potentiellement sensibles. Je pars donc sur un sentiment très positif. AU FOND, QUELS SERAIENT SELON VOUS LES MOYENS D’AMÉLIORER LE TRAVAIL DE LA FASe ? La première chose qui me vient à l’esprit est la question de la mobilité des animateurs et anima- trices dans les maisons de quartier ou terrains d’aventures, etc. Peut-on continuer de s’épanouir en restant 30 ans au même endroit ? Je me pose la question. Pour le bien des personnes et des lieux, un renouvellement plus régulier des équipes – à l’instar de ce qui a lieu avec les TSHM – se- rait positif il me semble. Mais le fonctionnement associatif des centres de la FASe provoque dans certains cas de l’inertie. VOUS ÊTES LE CHANTEUR DU GROUPE DE ROCK GENEVOIS LE BEAU LAC DE BÂLE DEPUIS BIENTÔT 40 ANS ! COMMENT CE STATUT A-T-IL ÉTÉ PERÇU DANS VOTRE TRAVAIL? Le BLB est une sorte d’institution, très apprécié dans le monde de l’éducation et de l’enseigne- ment. Donc on peut dire que ce statut m’a aidé dans ma carrière. Dans quelques cas, il a aussi posé problème, du fait que sur scène, je chantais parfois à moitié habillé, déguisé en haltérophile, etc. ! Ce n’était pas indécent, mais avec le temps, il a tout de même fallu faire la part des choses : je ne fais plus tout à fait les mêmes shows, je connais trop de monde ! D’un côté, une équipe de huit jeunes se réunis- sant chaque jour à l’Undertown – à Meyrin – pour faire de la vidéo. De l’autre, un groupe de dix Pa- lestiniens et Israéliens installé sous tente dans un camp itinérant pour faire le même travail. Ce binôme a porté durant l’été 2017 un projet ori- ginal : tourner des « cadavres exquis » par-delà la Méditerranée. Cette aventure a été initiée par la compagnie théâ- trale Uranus, en collaboration avec l’Undertown et une association israélienne, Windows. Elle a reçu le soutien de la commune de Meyrin et du Fonds Ados été de la FASe. «L’un des objectifs était de proposer une activité en été, ce que nous ne faisons pas habituellement, raconte Valentin Boada, animateur socioculturel dans ce centre de la FASe consacré à la création et au développe- ment de projets artistiques. L’autre objectif était de faire se rencontrer de jeunes d’horizons très divers. » L’équipe genevoise a notamment intégré trois jeunes issus de foyers pour migrants. Quant au groupe en Israël-Palestine, il a vu se mélan- ger des Israéliens, juifs et arabes, et des jeunes vivants dans des Territoires occupés. LA QUESTION DES FRONTIÈRES «En Israël et Palestine, l’objectif des jeunes était de délivrer des messages. Ceux-ci étaient forcé- ment politiques, puisque dans ces territoires, tout est politique, raconte Valentine Sergo, directrice artistique de la compagnie Uranus. A Genève, c’est d’abord le média qui a attiré les participant-e-s». Après un débat sur la notion de frontière, les Genevois ont créé un premier récit, montrant un jeune en pleine crise d’identité qui tombe sur des lettres de sa mère. Pour élaborer son film réponse, le groupe d’Israé- liens et de Palestiniens n’a pas pu tomber d’ac- cord. «Deux Arabes israéliens du groupe se sont sentis minorisés par le groupe de Palestiniens, et sont partis. Un jeune n’a pas eu l’autorisation de venir en Israël », raconte Valentine Sergo. Les jeunes du Proche-Orient ont donc produit deux films, nécessitant ensuite la production de deux réponses de la part des Genevois. Le premier ra- conte l’histoire d’une jeune fille. Il est question de personnes qui ont été tuées dans sa famille et de check-points. La réponse genevoise au premier film fait arriver cette jeune fille en Suisse, « où elle galère». Dans la seconde vidéo, les Genevois ont découvert des personnes dialoguant sur leur identité derrière un drap. «C’était très fort. Nous avons créé une scène où les jeunes réagissaient à ces propos, car nous ne voyions pas d’autres possibilités que de simplement transmettre ce que les Israéliens et Palestiniens avaient exprimé », relate Valentin Boada. UN GROUPE SOUDÉ «Là-bas, les gens ont été surpris de découvrir en Suisse un Erythréen qui avait traversé le désert pour fuir, côtoyant la mort », indique Valentine Sergo. «Les Suisses ont appris que la situation en Israël et Palestine était moins binaire qu’il peut le sembler. » Valentin Boada, qui avoue que cette expérience vidéo a été plus compliquée que prévue, a été touché par la façon dont le groupe genevois s’est soudé. « Ils ont appris à se montrer curieux sur les gens et sur ce qui est ailleurs, dit- il, regrettant qu’une rencontre face à face n’ait pu avoir lieu. » Il indique avoir continué un travail avec une partie des jeunes. Outre les films, ces échanges vidéo ont donné lieu à un «Making Off », présenté par les participants à l’Undertown de Meyrin en septembre 2017. Le tout a provoqué une avalanche de questions. © Pierre Descombes © FASe
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