FASe - Rapport Annuel 2017

19 RAPPORT ANNUEL 2017, ACTIONS 18 RAPPORT ANNUEL 2017, ACTIONS APRÈS-MIDI L’une des marques de fabrique du Spot, c’est l’absence de secteurs, et donc un accueil tous publics au quotidien. Ce jeudi, ce temps débute à 14 heures. Emmanuel Monney, dit Manu, et sa collègue Sandra Lefay, forment le «couple pédago- gique» de la journée. «Le jeu est le meilleur outil dont nous disposons à l’accueil libre», commente cet éducateur de formation. L’homme juge d’ail- leurs que le travail de l’animation a été chamboulé par l’irruption des Smartphones, qui auraient créé un fossé entre les générations. «Uno», «Double», «GrabOlo», tels sont quelques-uns des titres qui fonctionnent bien avec les jeunes. Les anima- teurs et animatrices proposent des jeux simples et courts pour éviter qu’un enfant ait peur de ne pas comprendre toutes les règles et pour ne pas les lasser. Passe une jeune fille qui attend son cours de solfège, à qui Manu propose un jeu. «Elle, à 10 ans, et moi, à 55 ans, qu’est-ce qu’on aurait à se dire sinon ? Le jeu fonctionne comme un trait d’union», remarque-t-il. Au final, « l’objectif de l’accueil est de promouvoir les liens entre tous, de décloisonner, ce qui a des effets positifs sur toute la communauté. La rencontre permet aussi aux gens de se confronter à la réa- lité et de dépasser les préjugés. » DÉCOLLER DE SON SMARTPHONE Quant aux écrans, ils ne sont pas interdits au Spot, mais les animateurs et animatrices de la maison n’hésitent pas à aller décoller les jeunes de leur Smartphone. «Nous avons renforcé la présence des jeux de société pour contrebalan- cer l’envie d’être seul-e avec son doudou numé- rique», résume Manu. Les professionnel-le-s du lieu prônent le zéro écran au travail. Dans la grande salle du rez-de-chaussée, des pré-ados ont commencé une partie de ping- pong à cinq. A côté, des mamans et leurs en- fants jouent en attendant l’ouverture d’un cours de Manga. Puis arrivent des jeunes adultes qui ont grandi avec le Spot. Sandra Lefay peine un peu avec la machine à café, ce qui permet à un jeune homme de prouver sa maîtrise du geste. «L’accueil, quand c’est plein d’enfants et d’ados, peut être bruyant et fatiguant, admet la jeune femme. Il faut parfois demander aux jeunes les plus turbulents de se calmer ou d’aller faire un tour dehors. » Il y a quelques années, le centre avait été investi par un groupe de jeunes adultes, qui avaient montré un comportement violent à quelques occasions. «Nous nous étions deman- dé s’il fallait restreindre l’accès à ces adultes jusqu’à une certaine heure pour les séparer des enfants », raconte Manu. Le maintien d’un ac- cueil ouvert l’avait emporté. La période actuelle serait plutôt apaisée, avec un public d’enfants, d’adolescent-e-s et d’adultes. DÉBAT SUR LA NOTION DU TRAVAIL Il est 18 heures. Trois jeunes hommes se sont installés sous un parasol devant le Spot. Un débat s’engage avec Sandra au sujet d’une tâche que ces adultes ont confiée à des plus jeunes, soit d’aller chercher du café à la Migros. Ces derniers sont revenus avec le café et ils ont pu garder la mon- naie, achetant des boissons énergétiques ! Dany, 26 ans, se souvient d’avoir vécu cela enfant. «Si tu n’étais pas d’accord de faire une course, c’était la position en ‹i›, avec boom boom sur la tête ! », dit-il. Sandra rappelle qu’elle est responsable des règles de la maison et que cette attitude «peut donner l’impression d’un patron qui parlerait à son employé. » « T’as pas compris. On est tous passés par là. C’est du respect mutuel. C’est le mécanisme de la vie ! », lance Dany. L’animatrice fait preuve de pédagogie. «Qu’apprenez-vous à un enfant en lui demandant ce type de services ? Nous-mêmes ne demandons pas aux stagiaires de tout nettoyer ; chacun-e ici peut être amené-e à le faire. ». «Ah, j’aurais aimé être ton collègue», rigole Granit. Mais il est l’heure de rejoindre ses pénates. Dans un parc voisin, Mathieu Lewerer, animateur au Spot depuis 8 ans, travaille encore. Il est en tournée avec la charrette du Spot, qui permet d’aller à la rencontre des jeunes avec des jeux et des animations. SOIRÉE Les baies vitrées de l’école primaire de Chêne-Bou- geries laissent tomber la lumière du couchant sur le sol. Comme pour l’accueil libre, l’activi- té hebdomadaire «Sport pour tous » reçoit les gens sans critères d’âge, même si elle intéresse d’abord les jeunes. La stagiaire TSHM Caroline Allemano ouvre la salle. Arrive Andréa, une jeune fille croisée lors d’une tournée des hors murs au C.O de la Gradelle. Elle est équipée de pied en cap pour participer au cours de boxe. Nolwenn, 19 ans, vise le cours de Zumba. Lucian, 22 ans, vient lui s’entraîner aux agrès « avec comme poids son propre corps». «J’ai accès au matériel, je m’entraîne à mon rythme, c’est gratuit et il y a du monde », résume ce danseur de break. La Zumba a commencé et la professeure, Alexan- dra, emmène jeunes et mamans sur des choré- graphies explosives. CANALISER L’AGRESSIVITÉ Vers 19 heures, Simba fait son apparition. Le jeune homme, qui suit une formation comme assistant socioéducatif dans un EMS, vient proposer aux jeunes un mélange de boxe thaï et de jiu-jitsu (combat au sol). Fabio, 16 ans, va sur le tapis. Dylan, son copain, a mal au bras. Il est juste venu voir ses amis. Dans la salle, l’ambiance est déten- due. «S’il y a du monde, l’animation se passe toute seule. Et si tu as bien fait ton boulot, il n’y a plus rien de spécial à faire, à part être disponible, par exemple pour un entretien individuel », explique l’animateur Mathieu Lewerer. Quelle est la finalité de «Sport pour tous»? Le professionnel rappelle que les communes apprécient que les jeunes se retrouvent accompagnés dans ce type de lieux, plutôt que d’être livrés à eux-mêmes. «Le sport nous permet aussi de nouer des contacts, mais dans un contexte différent. Une passe décisive à un jeune dans une partie de foot peut remettre du lien et du respect ! ». Autres points visés : le développement des contacts entres les partici- pant-e-s et la prévention de la santé à travers le sport, qui peut « canaliser l’agressivité ». Il est 21 heures. Les jeunes rangent le matériel. A l’entrée, Yacine Kerboua, THSM, aide un jeune à rédiger une lettre pour un job. Ce soir de prin- temps, les usagers et usagères de «Sport pour tous » ont été une vingtaine environ. En hiver, la salle peut accueillir jusqu’à 80 personnes, pré- cise Mathieu. Avant le cours de Zumba, durant l’activité «Sport pour tous ». Celle-ci est gérée par le Spot et les THSM de Chêne & Co. Elle se déroule chaque semaine dans la salle de sport de l’école primaire de Chêne-Bougeries © Pierre Descombes

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