FASe - Rapport Annuel 2017

17 RAPPORT ANNUEL 2017, ACTIONS 16 RAPPORT ANNUEL 2017, ACTIONS LE SPOT, UNE MAISON DE QUARTIER COMME UNE RUCHE Qu’est-ce l’animation socioculturelle au quotidien? Reportage au Spot, à Chêne-Bourg, Maison de quartiers qui pratique un accueil où cohabitent enfants, ados, aînés et adultes. Le repas communautaire hebdomadaire du Spot, un repère pour les seniors du quartier. De gauche. à droite : Sarah Wälti, stagiaire HETS, Nasra, jeune maman bénévole au Spot et Bilel, engagé par la Maison de quartiers dans le cadre d’un petit job. MATIN ET MIDI Tout est calme, ce jeudi matin de mars, au Spot, la Maison de quartiers de Chêne-Bourg. Geneviève Di Noia, qui occupe l’un des 7 postes d’animateurs et d’animatrices socioculturel-le-s des lieux, donne le topo de la journée : le matin, préparation du repas des aînés pour 12h15; l’après-midi, accueil libre; le soir, activité «Sport pour tous ». Déjà, la maison, qui accueille une foule d’activités, com- mence à s’animer. Frank Jaffré, travailleur social hors murs de l’équipe Chêne&Co – dont les locaux se trouvent au-dessus du Spot – arrive avec Caro- line Allemano, stagiaire TSHM en formation à la Haute Ecole de travail social. Dominique Stern, animatrice socioculturelle, franchit la porte en coup de vent sur un vélo électrique chargé des courses pour le repas de midi. «Nous tablons sur 40 personnes, en comptant 2 animatrices, 1 stagiaire, 3 bénévoles et 1 petit-job. Le repas a lieu sans réservation. », explique-t-elle. Il est 10 heures et le Spot vibre comme une ruche. Il faut préparer le repas communautaire et les salles de cette maison sur deux étages sont déjà investies. Dans la «Salle des cartes», Erica, une bénévole, commence son cours de français pour des personnes migrantes. A côté, un cours de conversation anglaise va commencer en « salle de bricolage ». «C’est comme une fourmilière, j’adore », se réjouit Geneviève, qui travaille au Spot depuis 5 ans. «UNE DEUXIÈME MAISON» Dans la cuisine, la préparation du repas a débuté. Nasra, originaire de Somalie, donne un coup de main à l’équipe. Son fiston est assis à une table. «En venant aider ici chaque jeudi, je rencontre du monde et j’apprends de nouveaux mots », dit cette femme qui a pris des cours de français au Spot. Caroline pèle des légumes avec Sarah Wälti, stagiaire de 3 e année de la HETS. « Les gens considèrent ces lieux comme une deuxième maison, c’est familial », dit cette jeune femme de 24 ans. Arrive Menghis, qui suit aussi des cours de perfectionnement de français au Spot. Puis encore Gilis Melse, ancien conducteur TPG, et membre du comité de l’association de la MQ, venu offrir son aide. Nous prenons un moment pour parler avec Bilel, 19 ans (voir encadré ci-dessus). Le jeune homme est employé au Spot depuis septembre sur la base d’un petit job, 5 heures chaque jeudi. Il s’est trouvé en rupture de formation et vise désormais un apprentissage comme assistant socioéducatif. Bilel participe aussi à des actions de prévention par les pairs avec des TSHM de la FASe. SUIVRE LA VIE DES AÎNÉS Le coup de feu approche. Dominique briefe Ca- roline. « Les aînés vont arriver dès 11h45». Le menu inclut une entrée, un plat de résistance et un dessert, servis avec un verre de vin. Il coûte 10 francs. Aujourd’hui celui-ci inclut du poisson labélisé MSC (pêche raisonnée) et des œufs pon- dus en plein-air, mais pas bio, pour des raisons de prix. « Il faudrait plus de moyens, juge Domi- nique, qui souligne que les courses sont fraîches du jour ». L’animatrice met en avant l’importance de « suivre » les aînés qui viennent au Spot. Et de s’enquérir de la santé d’un monsieur ayant subi une opération. La grande salle du premier étage est claire et accueillante. Comme chaque jeudi, des bouquets de fleurs ont été posés sur les tables. Bilel est descendu au rez-de-chaussée pour ac- cueillir les seniors devant utiliser l’ascenseur. Il se fait complimenter sur sa gentillesse par un groupe de dames en habits du dimanche. Karine Compois, la secrétaire sociale du Spot, prépare l’assemblée générale de l’association de la MQ. A l’étage, les patates tardent à cuire et l’équipe choisit de les transformer en purée, et le sucre caramélisé des crêpes Grand Marnier brûle. «Help ! », lance Geneviève. Pour autant, per- sonne ne dirige l’équipe. «C’est chacun-e selon ses spécialités », explique Dominique. Le repas est servi aux seniors sur deux grandes rangées de tables. «On ne s’assied pas forcé- ment où on veut », précise une dame. Une autre indique que ce repas constitue un repère. «Au moins, je mange équilibré une fois par semaine, car depuis que je suis veuve, ce n’est plus aussi stable », explique-t-elle. «C’est toujours un bon- heur de venir ici », glisse une femme à Dominique en lui prenant le bras. © Pierre Descombes © Pierre Descombes «J’AI REÇU ICI UN SOUTIEN MORAL ET SCOLAIRE», BILEL, 19 ANS « On m’a dit que j’avais de la facilité dans le contact humain et j’ai reçu ici un soutien moral et scolaire. De mon côté, j’ai appris à canaliser mon énergie. Mon travail avec les aînés nécessite justement d’aimer le contact. Il y a souvent de la solitude chez ces per- sonnes. Notre rôle est de les servir et de leur donner envie de revenir. Je suis attentif à leurs petites habitudes, à ce qu’ils aiment ou pas. Quand je place du Maggi vers une dame qui aime cela, ça démontre l’intérêt que je lui porte. Le fait de connaître les pré- noms est aussi important, même si on doit les redemander plusieurs fois. Les aînés qui viennent ici veulent discuter, et je le fais vo- lontiers. Si je parle d’une histoire qui m’est arrivée, ça ouvre une porte. Ils ont envie de laisser une histoire derrière eux. Il peut y avoir aussi parfois des caractères compliqués, des critiques, mais dans ces cas, je ne réponds pas. Je n’y prête pas attention, car ce n’est pas moi personnellement qui suis touché. Il faut savoir prendre de la distance. »

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