FASe - Rapport Annuel 2016
RAPPORT ANNUEL 2016, ANALYSE 30 «L’ANIMATION? C’EST ALLER VERS LES GENS QUI NE VIENNENT PAS DANS LES MAISONS DE QUARTIER» Claudio Deuel a travaillé 20 années comme ani- mateur socioculturel à la Maison de quartier des Acacias et 17 en tant que responsable du Service de la jeunesse de la Ville de Genève. Il a siégé comme suppléant des autorités munici- pales au sein du conseil de fondation de la FASe. Entretien. QUE RETENEZ-VOUS DE VOTRE TRAVAIL D’ANIMATEUR SOCIOCULTUREL AU SEIN DE LA MAISON DE QUARTIER DES ACACIAS? J’ai été invité (début 2017, où Claudio Deuel a pris sa retraite : ndlr) par l’équipe des Acacias à participer au plat du jour de la Maison de quar- tier et j’y ai rencontré des utilisateurs de mon époque. Cela a été pour moi une grande joie et ça signifie que l’accueil offert aux usagers est bon, mais si rien n’a changé, cela peut aussi poser question. De fait, les animatrices et animateurs socioculturel-e-s (ASC) sont toujours pris entre la nécessité de créer un climat accueillant, ce qui prend du temps, et celle d’innover, d’aller à l’écoute des gens, des jeunes en particulier. Par ailleurs, la maison doit rester un moyen, et non un but : ce n’est pas parce que des gens fréquentent les lieux que tout va bien. Dehors, il y a ceux et celles qui ne viennent pas, qui ne participent pas. UN DES RÔLES CLEFS DE L’ANIMATION EST LA PRÉVENTION. COMMENT EN FAIRE DE FAÇON UTILE? L’accueil de personnes, à travers un repas par exemple, permet de faire de la prévention. Avec le temps, il devient possible de cibler des pro- blématiques – la drogue, la violence, l’isolement, etc. – en offrant une écoute, en informant le public, sans se focaliser sur un thème. C’est là que l’animation a un rôle à jouer, à travers l’éta- blissement avec les usagers d’une relation de confiance sur la durée. COMMENT AMÈNE-T-ON LES GENS À PARTICIPER À UNE ACTION? Au parc des Acacias, nous avions mis sur place un barbecue. Trois années durant, ce sont les ASC et les bénévoles qui installaient les tables et les rangeaient. Petit à petit, des habitant-e-s ont compris que c’était à eux de le faire. Le travail d’animation demande de la patience, il consiste à amener les gens à prendre des choses en charge, d’où la maxime «par, pour, avec », ou le «par » est écrit en gras. AUX ACACIAS, UNE DES RÉUSSITES A ÉTÉ LA CRÉATION DU PARC DU MÊME NOM. VOUS AVEZ POUSSÉ LES GENS À MILITER? Je vais vous donner un exemple. L’installation provisoire d’une école dans le parc de ce quartier allait entraîner la suppression de places de par- king. Des personnes râlaient. Je les ai conseillées en les réunissant et en leur expliquant comment organiser une pétition. Des collègues ont été sur- pris – « tu défends l’automobile ? » – mais favori- ser la participation civique, c’est de l’animation ! EN 2008, LA FONDATION S’EST DOTÉE D’UNE NOUVELLE GOUVERNANCE. COMMENT ÉVALUEZ-VOUS LES CHANGE- MENTS QUI ONT EU LIEU DEPUIS? Il y a aujourd’hui plus de monde, plus de corps de métier, et l’organisation est plus technocra- tique. Certains estiment que le système est en défaveur des ASC, mais je ne le pense pas. La FASe s’est dotée des outils d’une entreprise mo- derne. Elle offre une communication digne de ce nom. Elle apporte une offre extraordinaire en matière de formations. Comment l’animation socioculturelle a-t-elle évolué ces 40 dernières années? A quels risques nouveaux les jeunes sont-ils confrontés et de quelle façon l’animation peut-elle les aider ? Entretien avec Claudio Deuel
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