FASe - Rapport Annuel 2016

RAPPORT ANNUEL 2016, ACTIONS 19 TÉMOIGNAGE SUR LA ROUTE DES JEUNES MIGRANTS, JOUR APRÈS JOUR Coé Blanchard (au tableau, photo ci-contre) et Claire Rinaldi ont travaillé auprès de mi- grants mineurs en 2016. La première a été active dans le cadre du projet d’accueil Sas et auprès d’enfants accueillis aux Tattes. La seconde a œuvré dans trois classes d’accueil du post-obligatoire pour les nouveaux venus et a travaillé au foyer de l’Etoile à l’été 2016. Il était une fois des jeunes venus d’autres continents qui, après un long voyage semé d’embuches ont trouvé refuge à Genève. Ils viennent le plus souvent d’Erythrée, d’Afgha- nistan de Somalie ou encore de Syrie, par terre ou par mer. Leur point commun : leur force pour prendre la route dans l’espoir de vivre des jours meilleurs. Loin de leur parents, Ali, Mubarek ou encore Shewit puisent dans leurs ressources pour af- fronter leur nouvelle réalité. Ils cohabitent au foyer de l’Etoile, situé à la route des Jeunes, qui accueille plus de 200 jeunes. Ils font face ensemble avec persévérance aux difficultés et aux contraintes quotidiennes. Leur parcours les a catapultés de l’enfance à l’âge adulte sans pour autant leur donner toutes les armes nécessaires pour prendre en main leur destin. Face à l’arrivée de ces jeunes dès 2015, plusieurs partenaires se sont mobilisés pour monter des dispositifs d’urgence (voir pages précédentes). C’est dans ce cadre que nous avons fait la connaissance de cette population. Les accompagner dans leur quête est une expérience humaine et culturelle forte. Nous faisons partie des premiers interlocuteurs. Face à leurs histoires, nous devons être flexibles tant dans nos réflexions que nos actions. Il est primordial que nos accueils constituent des espaces de vie protégés, rassurants, afin que les jeunes migrants puissent se reposer et se reconstruire. Le temps est un facteur essentiel pour créer ce lien de confiance qui leur permettra de s’enraciner. Nombreux sont les échanges. Les jeunes mi- grants apprennent de nous autant que nous apprenons d’eux. Tout est prétexte à créer du lien et aller à la rencontre de l’autre. Ces moments sont primordiaux : on parle de la journée, de l’école, on boit le thé ou tout simplement on est là pour un sourire, un bonjour. Travailler avec eux sur les besoins fondamentaux donne du sens à notre travail. Les regarder, les écouter, être présent physi- quement, sentir l’humeur du moment, goûter leur plats… Nous restons les cinq sens en éveil pour répondre aux besoins de recon- naissance de ces jeunes. Nous recueillons l’étincelle qui jaillit et cultivons la flamme qui les anime. «Ce que je souhaite dans la vie c’est…», avions-nous écrit sur un tableau noir. Des échanges spontanés ont fusé. Tel jeune voulait être avec sa maman, l’autre obtenir un permis, un autre encore, avancer, trouver du travail. Ils vivent dans l’attente continuelle de rece- voir des nouvelles du pays, d’être auditionnés et d’obtenir leur permis ; ils patientent pour se laver, faire leur lessive, ou encore se pré- parer à manger. En se rendant sur leur lieu de vie nous leur offrons des bouffées d’oxy- gène prenant en considération leur réalité et leur proposant de sortir du foyer pour vivre autre chose. Ensemble nous partons à la rencontre de la vie d’autres adolescent-e-s dans les maisons de quartier lors de visites culturelles ou du- rant des activités sportives. Ces bulles d’air les autorisent à profiter de la vie. Elles ralen- tissent le temps pour qu’ils puissent retrouver un peu de leur jeunesse. Toutefois, sur cette longue route des jeunes, nous ne perdons pas de vue que rien n’est acquis. Devant toute cette incertitude, beaucoup d’entre eux craquent, perdent espoir face à cette montagne à surmonter. Espérons que les parenthèses que nous leur avons ouvertes leur offrent un avenir apaisé. A Genève, ville internationale, la migration ne nous est pas étrangère. Chaque pierre apportée à l’édifice pour ouvrir les cœurs favorisera leur intégra- tion et fera que ces étoiles puissent conti- nuer à briller… Coé Blanchard et de Claire Rinaldi, animatrices socioculturelles