FASe - Rapport Annuel 2015
RAPPORT ANNUEL 2015, ACTIONS 31 PETIT RÉCIT D’UN REMPLACEMENT À LA TÊTE DE L’UAP La justice des mineurs est certes statistiquement modeste, et elle fait moins l'objet de l'attention des médias, handicapés en quelque sorte par l'absence – et c’est en soi une bonne chose – de publicité des débats et audiences, contrairement à la justice ordinaire. Et pourtant, en particulier dans le regard d'une personne comme moi qui a travaillé plusieurs années dans la privation de liberté des adultes, que de belles choses à partager ! Tout d'abord les chiffres, en baisse régulière depuis des années en ce qui concerne la criminalité juvénile, avec des surcapacités institutionnelles qui détonnent dans le paysage carcéral suisse. Le fait que la justice des mineurs mélange généralement la phase d'instruc- tion et de jugement est certainement intéressante à ce titre, car gage de cohérence pragmatique pour l’autorité judiciaire. Ensuite, une bienveillance systé- mique largement partagée. Quel étonnement face à des acteurs impliqués dans le suivi des jeunes, qui connaissent les dossiers et se sentent responsables! Efficacité, économie? Un suivi selon l'article 13 est probablement un des outils les plus économiques et pas le moins efficace pour aider le jeune et ses parents, en travaillant sur et avec leurs capacités, leurs ressources, tout en laissant le jeune dans son environnement naturel. Eviter le choc d'un placement – et son coût – est certainement intelligent, ce qui permet de le réserver aux situations où malheureu- sement aucune autre alternative valable n’existe. Et, puisque dans les relations d’aide la question des ressources n’est jamais très éloignée, j’ai décou- vert à l’UAP une manière de travailler qui permet à l’essentiel des ressources d’être engagé dans le suivi du jeune, avec très peu de déperdition pour nourrir un système bureaucratique. Les temps «non productifs» sont rares, donc peu problématiques. Et que dire des situations familiales rencontrées? Qu’elles sont diverses ! Au risque de faire dans le cliché, j’imaginais retrouver des familles monoparen- tales, précarisées et accessoirement issues de l’im- migration, et au final, pas du tout ! Les difficultés d’éducation n’épargnent aucun milieu, et c’est en soi rassurant. On peut également faire ce constat assez clair : la présence d’un cadre parental et de règles de vie familiale connues et respectées sont souvent les ingrédients d’une éducation qui permet au jeune d’évoluer tout en se confrontant à ce cadre à la fois contenant et sécurisant. La bienveillance et l’intérêt pour son enfant de la part des parents est un autre ingrédient indispensable, en restant attentif qu’à dose excessive même l’amour devient toxique. L’enfant roi n’est pas le roi des enfants. Et ces «petits» jeunes, alors? Il faut les voir tout intimidés dans les entretiens, gauches dans leur corps, maladroits dans leurs propos : pas facile d’être jeune et de trouver sa voie, d’identifier des projets d’avenir lorsque on vous renvoie des mes- sages d’échec en continu. Ils se rendent bien compte que «quelque chose» ne va pas, mais difficile de sortir de leur spirale, parfois nourrie par la pression du groupe dans lequel ils se trouvent. C’est là qu’interviennent l’éducatrice ou l’éducateur UAP. Avec engagement, doigté et fermeté, ils pro- posent un cadre qui peut paraître banal (heures de rentrée, manière de communiquer, expression des attentes réciproques) ; travaillent avec le jeune; le confrontent à son comportement et son mode de vie tout en lui permettant de se projeter, d’avoir le droit d’avoir des projets; rassurent les parents; leur enlèvent la pression sur l’obligation de réussite; les invitent dans d’autres situations à se montrer fermes, sans oublier tout le travail d’accompagnement (écoles, lieux de formations, autres institutions). Et le résul- tat n’est jamais définitivement acquis, mais souvent bénéfique, car l’essentiel des mesures sont levées car devenues superflues, les capacités tant du jeune que de ses parents leur permettant de continuer leur chemin en puisant dans leurs propres ressources. Un grand plaisir que cette découverte professionnelle! Florian Hübner, Responsable ad interim de l’UAP entre juin 2015 et janvier 2016 En arrivant à la FASe, en juin 2015, j'ai découvert une petite structure inédite, peu connue, mais qui gagne à l'être : l’Unité d’assistance personnelle (UAP) !
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